Dimanche 17 octobre 2021 – Journée d’accueil
À partir de 16h | Accueil des participant·es
17h30 | Salutations institutionnelles (Proff.sse Barbara Sommovigo, Claudine Moïse, Lorella Sini)
18h00 | Conférence d’ouverture (Prof.ssa Sonia Paone – Le parole della città: stigma ed esclusione nel discorso urbano / Les mots pour dire la ville : stigmatisation et exclusion dans le discours urbain)
20h30 | Apéritif dînatoire
Lundi 18 octobre 2021 – Jour 2
9h-12h | Atelier 1 Pour une compréhension du discours de haine
Animé par Nolwenn L. Bailly, Claudine Moïse et Martine Pons
Modération : Samuel Vernet et Simo Määttä
12h15 – 12h45 | Synthèse / Débat
– Pause déjeuner –
14h30-17h | Atelier créatif 1: « Mots barrières, mots barbares, écrire à l’épreuve du schibboleth »
par Guillonne Balaguer; ou atelier créatif 2: « Performer/Résister la violence verbale » par Mariem Guellouz et Elizabeth Claire
17h10-17h40 | Rendu collectif
18h30-19h30 | Réunion Draine
Mardi 19 octobre 2021 | Jour 3
9h-12h | Atelier 2: « Discours de résistances »
Animé par Fabienne Baider, Laurène Renaut et Lorella Sini
Modération : Stefano Vicari
12h15 – 12h45 | Synthèse / Débat
– Pause déjeuner –
14h30-17h | Atelier créatif 2 au choix « Performer/Résister la violence verbale » par Mariem Guellouz et Elizabeth Claire, ou Atelier créatif 3 « (ré)écrire l’insulte » par Laurence Rosier
17h10-17h40 | Rendu collectif
Mercredi 20 octobre 2021 – Jour 4
9h-12h | Atelier 3: « Haine et (re)médiations »
Animé par Béatrice Fracchiolla, Claire Hugonnier et Christina Romain
Modération : Francesco Attruia
12h15 – 12h45 | Synthèse / Débat
– Pause déjeuner –
14h30-17h | Atelier créatif 1: « Mots barrières, mots barbares, écrire à l’épreuve du schibboleth »
par Guillonne Balaguer; ou Atelier créatif 3 au choix « (ré)écrire l’insulte » par Laurence Rosier
17h10-17h40 | Conclusion collective
Atelier 1. Compréhension du discours de haine
Ce premier atelier s’inscrit dans la volonté de construire collectivement une définition du discours de haine. Dans un premier temps, nous mènerons un travail autour de la disqualification, de l’exclusion et des inégalités pour penser le rôle de l’autre et des émotions dans la haine. Nous questionnerons dans un deuxième temps les limites et les frontières de ces discours de haine, limites qui ne vont pas de soi et qui posent la question de la liberté d’expression. Peut-on tout dire ? Ou, comment le dire ? Ces limites, parfois poreuses, entretiennent un flou autour de ce que l’on nomme un discours de haine dissimulée, dont la haine implicite ne se dit pas mais se ressent. Est-ce alors toujours de la haine ? On s’appuiera notamment sous forme de discussion sur les discours homophobes. Enfin, nous prendrons pour exemple le discours de la « haine des maths », qui montre les sentiments de relégation, d’exclusion et d’auto-dénigrement vécus par les femmes face à cette discipline. Nous verrons alors comment ces mécanismes d’aversion, et lesquels, s’inscrivent dans un sexisme construit historiquement et socialement.
Atelier 2. Discours de résistance
Cet atelier s’inscrit dans la volonté d’engager une réflexion collective sur les contours définitionnels, les formes, et les enjeux du discours de résistance que nous questionnerons au regard du discours de haine et du contre-discours.
Dans un premier temps, nous étudierons le discours de résistance comme contre-discours et/ou discours alternatif, en réponse à un discours de haine : si les discours alternatifs existent sous des formes ‘pacifistes’ (exemple du témoignage de Michel Leiris « Vous n’aurez pas ma haine »), il peut aussi relever d’un contre-discours où la violence verbale n’est pas absente, loin de là, puisqu’elle y est même justifiée. Nous aborderons la question de la légitimation de la haine dans certains discours de résistance, lesquels semblent aller contre le topos sous-jacent du discours alternatif à la haine en tant que discours non-violent.
Dans un deuxième temps, nous envisagerons, les discours qui s’autodésignent comme « discours de résistance » et qui véhiculent les traits d’un discours de haine dissimulée. En effet, une véritable technique militaire de résistance peut être adoptée par les membres d’une organisation terroriste, soucieux·ses de rendre difficilement détectables des discours illicites comme la promotion du djihad armé. De même, les discours d’extrême-droite et de l’ultra-droite recourent à des stratégies similaires de propagande pour diffuser des appels à la haine.
Dans un troisième temps, nous tenons à questionner la dimension matérielle et physique du discours de résistance où l’engagement corporel (individuel comme collectif) nous semble prégnant. Nous prendrons ainsi en compte les supports de communication accompagnant la mobilisation des corps dans l’espace public (affiches issues de manifestations, slogans, pancartes…) et la représentation de l’ethos de combattant (combattante ?) sera analysée.
Pour les trois axes, il s’agira parallèlement d’interroger la construction de la figure du « résistant » (ou de la résistante ?) et celle de l’identité collective (réseau de résistance), à travers les stratégies sémio-discursives mises en œuvre par les actants. Sur quels critères juger de leur efficacité et comment penser l’évaluation de ses effets (leur pouvoir performatif) ? Nous soumettrons à ce sujet une typologie de réponses (sous formes de commentaires en ligne) à ces discours de résistance que nous soumettrons à la réflexion du groupe.
Cet atelier interactif sera donc composé de trois axes principaux autour desquels nous partagerons des éléments sémio-discursifs ou audiovisuels issus de nos corpus respectifs (numériques ou non) qui alimenteront les échanges des participant·es : contre-discours au discours anti-migrant·es, publications sur Facebook et Twitter de sympathisant·es djihadistes (de l’organisation État Islamique en particulier mais aussi d’Al-Qaïda), posts et commentaires issus de la page Facebook « Fdesouche » et extraits du film En Guerre.
Atelier 3. Haine et (re)médiations
Constituant aujourd’hui une réponse privilégiée à la prolifération de la haine, les campagnes de prévention émanant des instances gouvernementales sont nombreuses et multiples depuis ces dernières années — en témoigne, la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, initiée en 2016 par le Ministère de l’Éducation Nationale. Les objectifs de ce dispositif sont de « sensibiliser les élèves des écoles, collèges et lycées, à la prévention du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes de discriminations », tout en faisant « acquérir par tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, quelles que soient leurs origines, leurs conditions, leurs convictions »1. Les supports proposés sont alors présentés comme des ressources alternatives aux comportements haineux, susceptibles d’être utilisées, notamment en formation avec des jeunes, pour faciliter l’échange et la discussion, la réflexivité et la transformation des points de vue. Or, cette campagne n’a pas fait l’unanimité, et les réactions négatives ont été nombreuses sur les réseaux sociaux, et particulièrement virulentes, se rattachant à des orientations idéologiques opposées. Ce dispositif initialement proposé pour enrayer la prolifération de la haine, a en réalité été son moteur, prenant la forme d’un contre-discours participant à la montée en tension. Ces éléments témoignent donc de toute la complexité d’ériger un discours en réponse à la haine et d’établir des modalités de (re)médiations efficaces. À travers l’analyse de dispositifs déjà existants accompagnés de corpus qui seront soumis à l’analyse des participants, cet atelier propose : 1. de faire réfléchir aux différentes stratégies discursives mises en place pour lutter contre la haine, 2. de penser les caractéristiques et les spécificités d’un discours alternatif et d’un contre-discours 3. de saisir les enjeux et les liens complexes que les deux genres discursifs entretiennent avec le discours haineux.
Atelier créatif 1. « Des mots-barrières aux mots barbares : écrire à l’épreuve du schibboleth »
En partant d’extraits de corpus, de documents, de témoignages, on cherchera comment l’expérience poétique peut faire l’épreuve (mettre à l’épreuve) des discours de haine. Il s’agira d’explorer des façons de refaire circuler ces discours, ou de circuler autour de/dans ces discours par des voies poétiques. On tâchera alors d’expérimenter la dimension potentiellement vulnéraire, protectrice, résistante, de l’écriture poétique. On mobilisera, comme figures de pensée, outils de création pour cet atelier, l’idée du mot-barrière (dérivée de nos « gestes barrières » actuels) et du mot barbare (à entendre dans son épaisseur sémantique et historique, pointant vers le barbaros de l’Antiquité grecque) et le concept du schibboleth, comme mot secret, mot épreuve, dont la matérialité est décisive, performative. Face aux paroles de la détestation (détester, étymologiquement, renvoie à un mouvement de rejet, où l’autre et son témoignage sont repoussés), on cherchera à découvrir la dimension testimoniale du poème, ce dont le poème atteste dans la singularité d’une langue et d’une expérience. Pendant l’atelier, il sera utile de se doter d’un dictionnaire (numérique ou papier). Une première expérience d’écriture sera proposée en amont aux participant·es, afin de préparer la rencontre.
Atelier créatif 2. (Ré)écrire l’insulte
L’atelier se déroulera en deux temps : une première partie s’appuiera sur un partage d’insultes mémorielles individuelles, dans un dispositif de « mise à distance théâtrale » visant à la déconstruction des stéréotypes : à partir de la question « Vous souvenez-vous de la pire insulte jamais reçue ? », on en exploitera les données contextuelles (lieu, moment, manière) pour faire de l’histoire individuelles une mini création collective de dénonciation de l’insulte.
Dans un second temps, l’atelier interrogera les mécanismes de l’insulte et les possibilités de créativité de l’insulte-réponse, l’insulte-détournement, la non-insulte-riposte, etc.
Atelier créatif 3. Performer/résister la violence verbale
Cet atelier propose de penser les notions de vulnérabilités et d’agency à partir du corps en mouvement, de la voix et du rythme. Le laboratoire débute avec une présentation de vidéos montage de mises en scène d’opéra où les personnages doivent « faire face à la haine » dans le but de visualiser, d’entendre et de repérer les possibilités de l’art de la voix mise en scène à performer l’humiliation. Ceci nous permet de rentrer dans la matière en nous concentrant sur l’esthétisation de ce type de rencontre avec l’insulte à travers l’expression vocale, la musique et le corps mis en mouvement. Par la suite, Elizabeth Claire et Mariem Guellouz invitent les participant·es à analyser puis explorer eux-mêmes et elles-mêmes différentes formes d’agency corporelle qui représentent des réponses potentielles à la violence verbale.
A partir du travail de la performance (danse, voix, rythme), les participant·es sont amené·es à travailler sur la vulnérabilité du corps agressé et sa capacité d’agir à travers la performance. Nous explorons les corps qui protestent, manifestent, résistent à travers l’invention de slogans, de mots de lutte et leur mise en scène publique rythmée et chorégraphiée. Ainsi, la voix, le rythme et le mouvement sont au centre de cet atelier qui questionne la performance comme réponse possible à la performativité de l’insulte. Nous proposons de travailler sur les insultes que chacun et chacune a pu subir et expérimenter lors de son vécu quotidien afin de réfléchir de manière individuelle aux possibilités de réponse et d’agency.